Aider, oui, mais de la bonne façon

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Aider, oui, mais de la bonne façon

Aider, oui, mais de la bonne façon

L’aide humanitaire peut être quelque chose de très ambigu dès fois, parce qu’il peut avoir un effet pervers très important. C’est pourquoi il est primordial de toujours prendre le temps de réfléchir sur la portée de ses actions et sur toutes les conséquences que cela pourrait avoir. On ne fait pas des activités humanitaires juste pour faire des activités, pour se donner bonne conscience, pour se sentir utile, pour se valoriser. Il ne s’agit pas de nous, mais des personnes envers qui est destinée l’activité.
Je prendrais en exemple un de nos projets, qui est la construction d’un centre d’hébergement pour les enfants des rues à Bamako. Ce projet pourrait contribuer à séparer des familles et à enlever des enfants à des parents qui les aiment. C’est pourquoi il est important de penser chaque étape de l’exécution du projet, de s’assurer de contrôler tous les effets pervers que le projet pourrait engendrer.
La problématique des enfants de la rue ne commence pas avec des enfants dans les rues; elle commence avec des adultes qui se retrouvent désemparés et se sentent démunis dans leur rôle de parent, de « caretaker » (pardonnez moi l’anglicisme) parce qu’ils ont été habitués de fonctionner d’une certaine façon depuis des générations et aujourd’hui parce que les réalités ont changé, cette façon de fonctionner est désuète. Cette décontenance est aussi la part des institutions gouvernementales qui semblent dépassées par l’ampleur du problème et ne savent pas trop quelle stratégie adopter. S’il suffisait juste de copier les lois occidentales en ce qui concerne les droits des enfants pour résoudre le problème, ils le feraient. Mais il ne s’agit pas de lois, mais de changement de mentalité. Et ça, c’est quelque chose qui prend du temps. Pour apporter ce changement, il faudrait commencer par comprendre et analyser le comportement des autorités parentales de ces enfants pour être en mesure d’intervenir auprès d’elles. Ça serait une façon de travailler en amont du problème. C’est pour toutes ces raisons que résoudre la problématique des enfants de la rue est si complexe et long au Mali.
Nous, notre projet se situe plutôt en aval du problème. Nous travaillons avec les conséquences de la problématique, avec les enfants qui se retrouvent déjà dans les rues. Nous appliquons une approche de réduction des méfaits. Pourquoi ne travaillons-nous pas en amont du problème? Premièrement parce que notre champ d’expertise, c’est l’individu, la micro-intervention. Travailler en amont du problème, c’est travailler avec des groupes de parents, des institutions. Nous, nous voulons travailler avec l’individu, réparer ce qui est brisé en lui. Deuxièmement, comme nous l’avons dit plus haut, résoudre la problématique des enfants des rues, c’est changer les mentalités. Et ça c’est quelque chose qui ne se fait pas du jour au lendemain. Et en attendant, il y a des enfants dans les rues qui ont besoin qu’on prenne soin d’eux. C’est ce que nous nous évertuons à faire.

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